Épinay-sur-Seine – 42 logements sociaux
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Dualités bâties
Matières
Brique, acier, béton, lumière
Peut-on commencer par la matière, pour penser ensemble le comment et le quoi, comment c’est fait, agencé et mis en œuvre, pour essayer d’approcher ce que c’est qu’un immeuble à Epinay-sur-Seine, rue de l’Avenir, en frange du quartier de la Source, anciennes HLM engagées dans un processus de renouvellement urbain sous le patronage initial de Philippe Panerai ?
Cette matière dure et rugueuse, cette matière froide, parfois chauffée par le soleil ou par la main, est écartée et creusée, moulée, usinée, découpée, pliée à l’idée d’espace, interstices, espacements, cette matière qui nous donne le sentiment de l’espace,
Cette matière dure qui atteste le temps, durée, usure, patine dont dépend la mémoire des villes, notre mémoire qui nous rattache aux plus anciens d’entre nous comme à ceux qui nous ont précédés et ne sont plus là.
Situations, dualités
Pourquoi deux bâtiments ?
Pour créer un ensemble, le fait d’être ensemble : deux bâtiments forment une unité mais aussi une multiplicité qui les rattachent à leur contexte.
L’un est blanc comme la tour voisine du quartier de la Source, l’autre est rouge, fait de brique comme certains pavillons et quelques petits immeubles familiers de ce quartier.
Ensemble, ils font une jointure :
- l’espace ouvert moderne d’un côté, celui de la continuité paysagère, propre à « l’espace libre » et sans statut du grand ensemble,
- l’espace parcellaire fermé de l’autre côté, espace privé du pavillonnaire parsemé de petits immeubles avec jardins, cours et parties communes.
Dans le plein de cette jointure, il y a l’espacement d’un immeuble.
Du côté de « l’espace ouvert » : la résidence « moderne » de La Source
Du côté de « l’espace fermé » : la restructuration urbaine en cours du parcellaire rue de l’Avenir
Espacement
Un espacement, un écartement, ouvert et resserré donne une cour privée et fermée, une cour ouverte adressée à la voie publique, offrant à l’opposé la vue du paysage, et le banc pour le voir.
La cour est ouverte sur rue puis se resserre tout en se déboîtant, accueille, contient, rassemble et nous conduit un peu plus loin.
Les deux bâtiments s’écartent, se resserrent et glissent, rompant leur vis à vis, accueillant celui qui entre, l’accompagnant plus loin. Ils glissent en accompagnant à gauche puis à droite le parcours, d’une entrée à l’autre, vers un petit bois : le paysage.
Deux bâtiments se réfléchissent : « l’autre qui est à mon image contient et répète mon reflet ». C’est une mise en abîme dans laquelle la lumière est attrapée, réfléchie et retenue.
La cour est ouverte et fermée parce qu’elle reçoit dispense et contient la lumière.
Redans
Le redan concave puis convexe creuse le volume en le soumettant au vide.
Le redan décompose et répète, accentue l’effet d’espacement, rythme et insiste : là où la figure du rectangle donne 4 angles, l’architecture en donne 15 ici, 14 là, multipliant les vues.
La cour est une distribution.
Distribution, parcours
Un logement, chacun le sait bien, mais on l’oublie souvent est fait pour habiter…, pour être…. Pour être au monde et dans le monde. Le monde social, le monde naturel et leurs relations qui sont les biens de tous.
Un immeuble est donc d’abord un lien, un lien entre trois familles d’espaces :
- la rue, l’espace public de la ville,
- l’espace collectif privé,
- le lointain, le paysage.
Nous bénéficions ici d’une pente et d’un petit bois.
Parcours
L’entrée depuis la rue est un parcours noble :
- une grille soigneusement dessinée réunit le portail des autos et celui des piétons,
- un préau s’ouvre, conduit au jardin ou au parking, vers la lumière,
- un jardin de devant, un jardin humide qui retient les eaux pluviales traversé par un chemin,
- la cour distancée de la rue est légèrement en surplomb, comme un petit belvédère,
- le parking s’est glissé dessous,
- la cour est un « entre-deux » en relation avec la rue mais ne s’y confond pas, qui donne vue sur le petit bois mais qui n’y va pas vraiment, Coupe
- au seuil de la cour dont on longe le mur transverse, on accède aux halls reliés l’un à l’autre visuellement et aux escaliers éclairés naturellement pour finir au-delà de chaque logement par une loggia ouverte sur le paysage et son horizon.
Lieux
Le préau
Le préau, c’est aussi l’espacement d’un sol et d’un plafond accompagnant la vue horizontalement. Un lieu de regards avant l’entrée proprement dite.
Le parking
Creusé à mi-pente, ouvert sur trois faces, le parking est une grande salle hypostyle, un socle vide et lumineux ouvert sur un petit jardin. C’est lui qui soulève une première fois la construction.
Le jardin de devant
Le jardin de devant communique avec le jardin de derrière et avec le petit bois. C’est un jardin humide qui retient les eaux pluviales et les rejette dans le « milieu naturel ».
La cour
La cour creusée dans le paysage arboré, est minérale, espace central de la distribution de l’immeuble, espace d’une vie commune qui initie et nourrit la vie sociale.
Les halls
Dans un parcours fluide le hall est une transition. La porte vitrée et sa poignée qui circule d’une face à l’autre, les boîtes à lettres, l’arrêt devant le miroir, l’attente de l’ascenseur, l’attaque de l’escalier, la fierté d’une certaine luxuriance matérielle, ne forment pas un seuil mais plutôt une sorte d’enrichissement, d’amplification avant la détente de l’escalier et de l’accès aux étages.
Les escaliers
Les premières volées d’escalier sont droites.
Les escaliers se resserrent et se retournent en montant plus haut, ils révèlent dans la lumière le béton brut de la structure intérieure, une intériorité matérielle, un peu sale et très belle par le contraste signifiant des surfaces enneigées de rectangles de peinture blanche.
Dégagements communs
Arrivés à l’étage le parcours se simplifie, se précipite.
Les dégagements sont droits, ils cherchent le plus court chemin.
Habiter
Chaque logement dispose d’une situation particulière. Ils sont en angle et multiplient la géométrie des lumières et des vues, avec deux ou trois orientations.
La circulation du logement, comme chacune de ses pièces, est organisée par une double relation : avec la cour, avec le paysage.
- Une chambre sur cour bénéficie le plus souvent d’un angle vitré qui l’ouvre au lointain.
- Une chambre sert à tout, la cuisine est une pièce comme les autres, les hiérarchies de l’intime opposent dans le logement espaces ouverts et fermés.
- Séjour et cuisine sont traversants ou en diagonale et en redan, jamais côte à côte.
- La cuisine est une vraie pièce
Partage
La relation aux espaces communs, l’intimité du « chez soi », leur conjugaison et leur modulation appartiennent à la liberté de chacun.
Des volets ouverts ou fermés, ou bien entre ouverts pour voir sans être vu.
La loggia est un espace sur l’extérieur c’est aussi un espace intime. Les grands stores jaunes, solaires, lumineux les protègent, l’extérieur est à l’intérieur.
Fenêtre, loggia
L’éclairage en premier jour, sans passer par la grande baie de la loggia donne au séjour une lumière plus directe, plus vive plus intense que celle du prolongement extérieur.
La loggia est grande, éclairée, éclairante, arrangée par un placard, fermée par un store, tournée vers l’intérieur ou vers l’extérieur, comme on veut.